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ENTRETIEN AVEC PHILIPPE MAUCOURANT AVANT LE DEBUT DE LA SECONDE PHASE

                                                                                         crédit photo : Fée NAT’HUR photographie

A quelques jours de la reprise de la seconde phase, qui débutera par un déplacement à Tours, Philippe Maucourant s’est confié pour notre site web. Son bilan, la gestion du groupe, les nombreuses blessures ainsi que l’intégration d’Ismael Cadiau : le coach du BCO répond sans détour à nos questions !

Bonjour Coach, tout d’abord, pouvez-vous nous dresser votre bilan de cette première partie de saison ?

Le bilan de ces 5 mois et demi de compétition est plutôt très bon. Avec 16 victoires pour 10 défaites, quand on considère l’ensemble des paramètres dont on a eu à prendre en compte : c’est-à-dire la composition et la constitution d’un tout nouveau groupe, avec une nouvelle cohésion à trouver, que ce soit social ou stratégique, et puis les autres paramètres (blessures, maladies, méformes, bonnes et moins bonnes performances). On peut vraiment se satisfaire tous ensemble des résultats obtenus si on ne juge que de ce côté-là.

Maintenant, je me dois d’aller au-delà. Je pense que ma satisfaction va au-delà du paramètre victoire-défaite. D’abord, on a un groupe qui est fort sympathique, qui est agréable à vivre au quotidien, qui est ouvert à la discussion et qui est capable de se dire les choses. Ensuite, je pense que nous avons réussi à « satisfaire » nos supporters et nos partenaires, qu’ils soient institutionnels ou privés, de par l’engagement et l’intensité que nous avons déployé, peu importe le contexte et l’adversaire.

Si je rentre un peu plus dans les détails, nous avons été relativement embêtés par les blessures à partir du mois de novembre, jusqu’à la mi-février. Je repense à ce mois de janvier, où on a compté́ de quatre à six joueurs absents pendant certains matchs, ce qui a été relativement très compliqué à gérer. De ce point de vue-là, on peut considérer que notre début de saison est plutôt très bon.

Par rapport à toutes ses absences, comment as-tu senti l’évolution du groupe, qui est plutôt jeune, notamment lorsque Joe était absent ? En plus de cela, Mike, le plus ancien de l’effectif n’a toujours pas débuté sa saison…

D’abord, Mike, effectivement, n’a pas pu porter nos couleurs pour le moment. Néanmoins, il a été très présent autour du groupe, ça c’est la première chose. De par son enthousiasme et globalement sa présence, même s’il avait beaucoup de travail à faire de son côté. Ensuite, je dirais que Joseph nous a manqué́ sur la fin de cette première phase.

Tout au début, il a réussi à nous porter quand il devait nous porter, ou à aider à mettre sur orbite certains de nos équipiers quand il était la cible des intentions défensives de l’adversaire. Donc, je dirais que son absence nous a été fortement préjudiciable. Ensuite, je relativiserais les propos sur la jeunesse du groupe, je dirais que Yannick, par exemple, est quelqu’un qui a porté́ des responsabilités relativement très jeunes. C’est encore un jeune joueur, mais que nous l’avons fait venir justement par rapport à ça. Il arrive à cumuler ces deux atouts : de la jeunesse, mais aussi des aptitudes à être un leader de groupe.

Je pense qu’il l’a très bien fait et que ça lui permet de se lancer dans un tissu de confiance qui peut lui permettre de passer encore des étapes. Et je dirais aussi que Tom (Thomas Hanquiez), a fait preuve aussi de ces aptitudes-là̀. On avait envie qu’il prenne, alors je ne sais pas si on peut dire du leadership, en tout cas un rôle de cadre important, notamment dans la peinture et notamment dans l’association qu’on voulait créer avec Joseph. Malheuresement, il a connu un petit temps de moins bien à cause d’une blessure relativement sévère. Mais voilà, c’est une problématique qui nous amène à créer de nouvelles opportunités, pour lui et pour le groupe.

On est relativement satisfait de tout ça. Je dirais qu’on a été bien aidé, par ce que je pourrais appeler des lieutenants dans l’armée qu’on a essayé́ de construire.  Je n’aime pas mettre en lumière des profils, mais il faut savoir le faire aussi et avoir un discours franc et honnête. Je dirais que Igor nous a permis d’étoffer des performances collectives relativement souvent, au même titre Patrick, qui lui aussi, tout au long de la saison, a dû d’abord boucher des trous quand on a connu des vraies problématiques de blessure. Et je n’hésiterai pas à nommer aussi Adrien, dans un tout autre rôle qui a été aussi un lieutenant, en tout cas quelqu’un qui a vraiment mis sur orbite l’activité défensive, l’intensité, l’état d’esprit défensif qu’on voulait mettre en place. D’autant plus que Louis, qui était prévu dans cette prédisposition-là connaît jusqu’à présent des grands soucis de différentes blessures.

Pour prolonger tes propos sur Adrien Tyberghien, est-ce que tu t’attendais à ce qu’ils prennent autant de responsabilités au sein du groupe ?  On sent également que le public le pousse un peu plus que les autres, et qu’il fait peut-être partie des joueurs qui sont montés en puissance depuis le mois de janvier…

Est-ce que je m’attendais à ce qu’il réponde présent ? Oui, et il le fait avec beaucoup de simplicité, ce que j’apprécie beaucoup. C’est un garçon avec beaucoup d’humilité, de simplicité et de modestie. J’insiste sur l’aspect de la modestie parce que ça pourrait être un peu compliqué par rapport à l’élément que tu soulèves (son retour à Orchies), parce qu’on le charrie beaucoup par rapport à ça. C’est l’enfant du club, l’enfant de la ville, donc ça pourrait être compliqué pour lui et il arrive à bien s’en sortir, je trouve.

On a évoqué l’évolution d’Adrien, est-ce qu’on peut également parler de la première saison de Yanis, comment est-ce que tu juges ses premiers mois au sein du groupe ?

Oui, bien sûr. Yanis, ce qui lui arrive est assez exceptionnel, à voir. Il a intégré le groupe à 16 ans, il en a aujourd’hui 17, on ne va pas dire qu’il a pris énormément d’expérience, mais je souligne le caractère exceptionnel de ce qu’on a fait et de ce qu’on a mis en place, parce que ça dépasse le cadre du terrain.Le club doit se féliciter de ce qu’il a mis en place pour un jeune joueur formé dans ses murs. Est-ce que je m’attendais à pouvoir l’utiliser ? Très honnêtement, je ne me mets jamais de frontières ni de barrières, donc je voulais pouvoir déjà lui ouvrir les portes. C’était pour moi quelque chose d’assez incroyable. Le mettre sur le terrain, c’était quelque chose que je souhaitais faire. Je dirais que dans un début de collaboration, je donne. Je crois que j’ai, moi et surtout le club, bien entendu, beaucoup donné.

Maintenant, je suis en droit de recevoir. Attention, je ne dis pas qu’il ne donne pas, je dis qu’il doit comprendre ce qu’est le haut niveau. Il y a des matchs qui sont de plus en plus compliqués. Dans un premier temps, il bénéficie du caractère inconnu de sa présence. Maintenant, les adversaires identifient un petit peu. Ça devient de plus en plus dur, et ce qui est intéressant, c’est de voir que les aspects d’insouciance et de fraîcheur sont de plus en plus compliqués à mettre en place, donc il faut trouver d’autres ressorts. Je ne veux pas dire de bêtises non plus, mais je crois qu’on est monté jusqu’à 25 minutes sur le terrain. L’équipe nous a donné́ l’opportunité sur certains matchs de pouvoir les associer ensemble (Adrien et Yanis), ce que je trouve assez formidable.  Je ne sais pas si un club a pu se permettre de faire cela, c’est une vraie fierté pour nous.

Ismaël Cadiau a récemment prolongé jusqu’à la fin de la saison, peux-tu revenir sur son arrivée et faire un bilan de sa pige chez nous ?

D’abord, on n’a jamais eu l’occasion de faire un point sur son arrivée. Elle a été traitée dans un caractère qui s’appelle l’urgence. Moi, je ne suis pas adepte de la pige médicale, tout simplement parce que j’aime retirer des ressources de mon équipe et à faire ressortir des leviers qui peut-être ne seraient pas possibles avec l’arrivée d’un pigiste médical. L’arrivée et le départ d’un pigiste médical, c’est toujours compliqué pour une équipe selon moi, donc je préférais ne pas en avoir recours.

Or là, la situation était hyper déstabilisante pour le groupe. C’était, me semble-t-il, le soir de Charleville. On n’avait rien anticipé, je n’avais rien anticipé. Mais voilà̀, on a connu une nouvelle blessure ce soir-là, donc il fallait faire quelque chose pour l’équipe, ce n’était pas pour moi, c’était pour l’équipe.

Dans ce caractère d’urgence là, j’avais un mot qui me venait en tête, c’était la capacité à pouvoir performer tout de suite, parce qu’on n’avait pas deux, trois semaines ou quatre semaines devant nous. Ce qui impliquait qu’il fallait peut-être faire des concessions dans le profil qu’on recherchait. Certains auraient pu dire « mais qu’est-ce que c’est ce profil-là, on n’a pas besoin de ça » effectivement, dans la construction d’une équipe, on aurait pu dire qu’il aurait peut-être plus fallu un poste 5 ou un autre poste un peu plus dense physiquement. Ce n’était pas le caractère prioritaire de ma recherche, donc il m’a semblé́, et notamment en essayant de communiquer à l’intérieur de mon groupe, que le profil d’Ismaël était le meilleur sur le marché. On en a discuté avec lui, ça a été très rapide : « moi j’ai besoin de ça, tu vas jouer au poste 5, tu ne l’as jamais fait, ça peut être une opportunité pour toi ». Lui, il sortait d’une première pige qui avait été plutôt bonne. Son aspect de fraîcheur mentale a été intéressant, parce qu’il ne s’est pas posé de questions. Il a dû s’exprimer dans un cadre très particulier, parce qu’on ne pouvait jamais s’entraîner en jouant tous les quatre jours. En jouant, pour certains, dont lui, 40 minutes par match.

Globalement, je suis très satisfait de son apport. De plus, il a été relativement simple et humble. Je félicite aussi le groupe dans sa capacité d’ouverture à intégrer quelqu’un aussi rapidement.

Avant d’aborder cette phase 2, quel est le moment charnière de cette saison qui t’a marqué ou qui va servir au groupe pour la suite ?

Il y a eu plein de séquences, notamment ces blessures ; je pense que les blessures nous fédèrent. Les blessures nous amènent à nous réinventer. Je pense que c’est intéressant, c’est un point positif pour nous. Je suis persuadé qu’une équipe qui veut obtenir du succès doit connaître, non pas l’échec, mais des moments un peu plus douloureux, parce qu’encore une fois, il faut sortir du caractère victoire-défaite. Des moments douloureux, on en a connu beaucoup, des blessures plus ou moins sérieuses qui écartent certains équipiers, des suspensions, la commotion de Joseph qui était un point un peu difficile pour chacun d’entre nous, et puis je dirais aussi nos oppositions avec Le Havre qui nous laissent un goût amer quand même. Notamment à domicile, on aurait voulu cueillir une belle équipe comme Le Havre. C’est des regrets, mais qui doivent nous amener encore une fois, à ne pas rester sur ce regret-là, mais plutôt à nous aider à passer le step psychologique.  Il va falloir être encore plus fort dans cette deuxième phase, parce qu’il nous manquait deux trois petites choses à ce moment-là.

 

La deuxième phase arrive, comment est-ce que tu l’abordes ? Le classement est très serré, d’autant plus que cette année il y a 14 matchs à jouer…

Alors c’est vrai que la lecture du classement, notamment dans une première phase, je ne la fais jamais. J’avoue que là je suis obligé quand même de la faire pour voir où on en est au départ de cette deuxième phase. Premièrement, je note beaucoup d’injustices par rapport à notre parcours, parce que le règlement amène justement à de l’injustice. Si on prenait les points qui ont été capitalisés par chacune des équipes, on verrait une lecture sur les 26 matchs et non pas sur les oppositions. Je ne sais pas pourquoi on reste sur ce règlement-là qui est identique à tout le monde, je ne critique pas cela, mais qui ne reflète pas la qualité de notre championnat. Je crois qu’on avait le quatrième ou cinquième bilan des deux poules, ce qui augure quand même d’une grande différence. Néanmoins, c’est comme ça, il n’en demeure pas moins que nous nous sommes à portée de fusil de tout le monde.

On voit malgré tout qu’il y a trois équipes qui se détachent fortement : les gros cadors de la poule que sont Quimper et Le Havre qui sont très très proches. Avec également le SCABB qui fait une remarquable saison et qui est à égalité peut-être avec Le Havre. Notre objectif maintenant est différent. On voulait être dans le top 7 sur cette première phase, nous voulons être dans le top 8 de cette deuxième phase. Nous n’avons d’autres quêtes que celle-là, comme tout le monde, je dirais. On va essayer de se battre tout simplement pour obtenir un de ces strapontins-là qui refléterait vraiment et identifierait vraiment une très belle saison pour nous.

 

Tu as longtemps dû faire avec six ou sept joueurs disponibles, tu pourrais en avoir jusqu’à douze dans les semaines à venir, avec, on l’espère un maximum de retours. Comment est-ce que tu gères ça, notamment les temps de jeux de chacun ?

D’abord, on a vraiment souffert de jouer à six ou sept. On a vraiment souffert d’un point de vue physique et mental parce qu’on a lâché de la gomme. Les joueurs ont vu ce que c’était de devoir performer tous les quatre jours et d’être sur le terrain 30-35 minutes. Ce n’est pas une volonté de notre part de jouer à cinq ou six bien entendu. Maintenant, on espère retrouver petit à petit un effectif avec plus de densité. On n’a pas la totalité de notre effectif encore aujourd’hui mais on arrive à s’entraîner avec beaucoup plus de qualité, ça c’est très intéressant, on en avait besoin.

D’autant plus avec une trêve, il y a aussi des repositionnements techniques stratégiques grâce à la mobilité des joueurs sur différents postes.  Il faut effectivement repositionner certaines choses de par l’entraînement, donc c’est ce qu’on s’attelle à faire. Ensuite, pour remobiliser tout le monde et faire comprendre qu’il va falloir être dans un mot qui s’appelle le partage. On va jouer encore une fois tous les quatre jours globalement, avec 14 matchs en quelques semaines, contre les sept autres meilleures équipes, c’est à dire qu’il n’y a pas de match plus facile ou plus gérable.

 

Si on fait le bilan, est-ce que c’est un atout d’avoir plus de joueurs ou est-ce qu’il faut s’attendre à des difficultés de réintégrations, ainsi qu’un collectif à reconstruire ?

Est-ce que c’est une difficulté ? Non. C’est une problématique qu’on a, de devoir vivre avec un effectif qui fluctue en quantité. C’est facilitant parce qu’on arrive à faire des entraînements de qualité tout simplement. Je me souviens de la dernière semaine avant Saint-Vallier, on avait une densité très faible et nos entraînements étaient d’une piètre qualité, ce qui amène à un dénouement qui n’est pas à la hauteur de nos attentes, mais qui est somme toute logique tout simplement. Or là, on arrive à mettre beaucoup d’intensité, beaucoup plus d’exigence, on arrive à repositionner techniquement et stratégiquement des choses, ce qui n’est pas possible quand on n’a pas les joueurs à leur bon poste. Donc c’est un atout de pouvoir le faire à nouveau. Maintenant, comme je dis, il y a toujours des allers et retours dans un effectif. On est prêt à ça, le fait de l’avoir déjà connu nous amène beaucoup de précautions et on sait qu’aujourd’hui on n’est pas à 100% de l’effectif. On sait qu’il y en a qui vont rentrer, on espère qu’on aura un effectif complet prochainement.

 

Pour finir, est-ce que tu as un mot pour les supporters, pour les partenaires et pour toute la communauté BCO à l’entame de cette deuxième phase ?

Dans une précédente interview pour un média, on a évoqué une cette donnée populaire et je pense qu’on ne la relève pas assez. Ce qu’on a essayé́ de faire d’un point de vue stratégique, c’est-à-dire qu’une place est à 2 euros et à partir de 16 ans, si je ne m’abuse ; il n’y a pas un seul endroit ou un sport et de ce niveau-là, c’est-à-dire un sport professionnel, où un accès est possible à partir de 2 euros. Je trouve ça fantastique, vraiment, et je félicite tous les acteurs pour cela.

On a connu des affluences à 4000 personnes, c’est superbe, c’est très sympathique. On a encore une marge de 1000 personnes pour remplir cette salle. Je sais qu’en France, on a besoin de résultats pour remplir des enceintes. Je pense qu’on en a des beaux résultats et qu’on peut remplir cette enceinte. On attend tous que cette belle salle, parce que c’est une très belle salle, soit remplie et soit un atout supplémentaire pour notre équipe. L’équipe le mérite bien en termes d’engagement, je trouve, et en termes de valeur de simplicité. Je trouve que ça correspond aux valeurs du Nord.

Enfin, tu m’interroges sur les partenaires. Je trouve qu’on est en train de tisser des choses qui sont relativement simples et transparentes avec nos partenaires, qu’ils soient issus de l’entreprise, qu’ils soient des partenaires institutionnels avec lesquels on entretient d’excellents rapports. On essaye de dégager une vision pour vraiment parvenir à structurer le club et à l’amener près des exigences qui doivent lui permettre d’atteindre le très haut niveau. »